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Fille d'ouvriers

Jules Jouy / Gustave Goublier
Ed. Beuscher Arpège
XIXème siècle - chantée par Michèle Bernard

Pâle ou vermeille, brune ou blonde,
Bébé mignon,
Dans les larmes ça vient au monde :
Chair à guignon !
Ebouriffée, suçant son pouce,
Jamais lavée,
Comme un vrai champignon ça pousse :
Chair à pavé !

A quinze ans ça rentre à l'usine,
Sans éventail.
Du matin au soir ça turbine :
Chair à travail !
Fleur des fortifs ça s'étiole,
Quand c'est girond.
Dans un get-apens ça se viole :
Chair à patrons !

Jusque dans la moelle pourrie,
Rien sous la dent;
Alors ça rentre en brasserie :
Chair à clients !
Ça tombe encore, de chute en chute,
Honteuse un soir,
Pour un franc ça fait la culbute :
Chair à trottoir !

Ça vieillit et plus bas ça glisse,
Un beau matin,
Ça va s'inscrire à la police :
Chair à roussins !
Ou bien sans carte ça travaille
dans sa maison,
Alors ça se fout sur la paille :
Chair à prison !

D'un mal souffrant le supplice
Vieux et tremblant,
Ça va geindre dans un hospice :
Chair à savants !
Enfin ayant vidé la coupe,
But tout le fiel,
Quand c'est crevé ça se découpe :
Chair à scalpel !

Patrons, tas d'Héliogabales !
D'effrois saisis,
Quand vous tomberez sous nos balles,
Chair à fusils !
Pour que chaque chien, sur vos trognes,
Pisse à l'écart,
Nous leur laisserons vos charognes :
Chair à Macquart !

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